Indonésie: l’envers du décor

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L’Indonésie et Bali sont des îles lointaines qui nous font rêver de belles plages de sable blanc, de magnifiques sites de plongée, des traditions si différentes synonymes de dépaysement. Sur Internet on voit beaucoup de photos « carte postale » et de blogs racontant combien leur séjour dans l’archipel fut merveilleux. Pourtant, il y a un revers à la médaille. Derrière les paysages de cartes postales se cache une réalité bien moins idyllique.

 

Le 8ème continent

Pour commencer, il y a des déchets qui s’entassent partout. C’est d’autant plus visible sur les plages où il peut être très désagréable de bronzer avec des rats qui courent ou de faire du snorkelling en zigzaguant pour éviter les plastiques. Au lieu de nager avec les tortues, on a presque plus de chance de les voir échouées mortes sur la plage. Il y a peu de poubelles à disposition. Dans certains endroits tels que les Togians on vous rassurera en vous disant que les plages sont nettoyées mais ce qu’on ne vous dit pas c’est que les déchets ramassés sont aussitôt rejetés à la mer  (cf : Des ombres au paradis). Bien entendu, ils reviennent en plus grand nombre à chaque fois.

On doit cette inondation de déchets à la mondialisation… On entend souvent dans notre vieille Europe comment on est envahi par les marchandises et la malbouffe américaine, mais ici, à l’autre bout du monde, c’est tout l’hémisphère nord qui vient apporter sa culture dans ce pays et déverser ses poubelles. Celui-ci se développe avec les travers de nos sociétés sans avoir le temps de prendre le peu d’acquis que nous avons le luxe de nous payer. Heureusement que certains touristes et locaux tentent d’avoir une attitude un peu responsable.

Il est difficile pour les Indonésiens de comprendre le principe de recyclage et de gestion des déchets alors qu’ils ont toujours vécu avec de la nourriture naturelle, du riz, de la viande fraîche et des légumes du jardin. Et un beau jour nous débarquons avec des sachets de chips, des barres chocolatées sur-emballées, des bonbons emballés individuellement, tout une gamme d’alimentation sous vide ou sur-packagée. Pour ma part, l’une des choses qui m’a frappée, par exemple, ce sont les Mentos. Chez nous ça se présente surtout sous la forme de rouleau, mais impossible d’en trouver en Indonésie. Ils sont dans des gros sachets ou chaque Mentos est emballé individuellement, notre chauffeur à Java en avait une pleine boite à gants….

Certains touristes et locaux jettent allègrement leur bouteille plastique, entre autres, par dessus bord d’un simple geste de la main. Si ce comportement a de quoi choquer, il peut être bon de retourner un peu dans le passé, pas si loin que ça, et de regarder le comportement des Occidentaux et on sera étonné de voir que l’histoire ne fait que se répéter. Et si notre culture tend vers l’éco-tourisme et le tourisme responsable, il n’en a pas toujours été ainsi.

Un exemple plus frappant encore, c’est l’eau en bouteille. Au lieu de filtrer l’eau en grande quantité, on vise le côté pratique et il est presque plus simple de trouver de l’eau emballée dans des gobelets en plastique qu’en bouteille dans les familles indonésiennes. Il y a également un choix énorme de nouilles instantanées et autres plats préparés, alors que pour des pattes ou du riz il faut se contenter de quelques marques souvent plus chères. Dans les warungs il n’est pas rare de reconnaître le gout chimique des nouilles instantanées dans votre assiette plutôt qu’un véritable mie goren indonésien (cf: la gastronomie indonesienne).

 

Une étoile vorace

La faune sauvage subit sont lourd tribut, mais cette fois-ci c’est le voisin envahissant chinois qui en est responsable. Par exemple, l’archipel des Togians est maintenant menacé par la fameuse « queen of thorne » une étoile de mer très friande de corail qui avait comme prédateur naturel le poisson napoléon (une sorte d’énorme parrot fish avec une bosse sur la tête faisant penser au chapeau de Napoléon). Cependant, les chinois sont friands du Napoléon et paient très cher pour la pèche d’un spécimen. Les pêcheurs indonésiens y voient alors une excellente façon de gagner beaucoup d’argent, et désormais le napoléon est seulement trouvable dans une réserve marine surveillée par les « gardes-côtes » qui arrêtent régulièrement des braconniers. Pendant ce temps, dans le reste de l’archipel la « queen of thorne » ravage lentement les coraux.

 

Gloire au dieu Tourisme

Ensuite, vient la préservation et le respect des coutumes et traditions locales. Au pays Toraja, les rites funéraires sont très étranges pour nous, Occidentaux. Cependant, on se demande si ils ne subsistent pas grâce au tourisme. De telles cérémonies coûtent une fortune aux familles. Parfois, il faut économiser 20 ans pour organiser des funérailles.

Bali semble avoir perdu de son charme, ravagée par les afflux de touristes. A présent les cérémonies ne sont presque plus pour les habitants une façon de continuer leur héritage mais plutôt un moyen d’attirer les touristes et tenter de leur vendre quelques babioles. En tout cas, c’est l’impression que ça nous a laissé. L’île est devenue une véritable enclave de l’Europe ou de l’Australie dans un archipel encore sauvage. Si Java est l’île développée, Bali est un territoire presque étranger. Les Indonésiens dépendent presque que du tourisme et les mafias locales règnent. L’île a connu un développement sans précédent. Nous avons rencontré un chauffeur de taxi qui nous a raconté que le prix des matières premières, l’eau et la nourriture avaient presque été multipliés par 5 en quelques années. Cela reste encore bon marché pour nous mais pour eux, c’est devenu totalement fou.

 

Les routes du paradis

Pour ce qui est des routes, elles sont en très mauvais état surtout à Sulawesi. Elles sont complètement défoncées, pleines de nids de poule. Cela ne concerne pas uniquement celles peu fréquentées, loin de là. Dans de telles conditions, les déplacements deviennent très difficiles et donc très très lents. On regarde sur la carte oh il n’y a que 300km entre A et B, ce n’est pas loin. Ah ben non, ça veut dire minimum 8h de route en espérant ne pas avoir de pépins ou d’imprévus sur la route. Tout de suite ça change le plan de voyage.

Ensuite, prenons le cas de Java, une île surpeuplée. Il y a du monde partout. Le trafic est très dense. Bien entendu toutes ces personnes utilisent voitures et scooters pour se déplacer créant des bouchons monstrueux en ville. Et nous n’aborderons pas la conduite indonésienne qui comme on dit là-bas,  » tu roules à gauche quand tu es tout seul sur la route, tu roules à droite quand il y a quelqu’un à gauche, et tu roules sur le trottoir quand il y a des voitures de chaque côté… ». Il est assez surprenant de ne pas voir plus d’accidents meurtriers, car certains chauffeurs de bus ou de minibus prennent d’énormes risques lors de conduite de nuit qui n’ont rien à envier aux films d’actions hollywoodien.

 

Que tout ceci ne vous inquiète pas. L’Indonésie est un pays magnifique de par ses paysages, richesses culturelles et habitants. Bref, un pays qui vaut vraiment la peine d’être découvert. Tout n’est pas noir ou blanc. Nous, on y retournera, c’est sûr et certain.

 

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